L'univers obéit-il à des lois ?

Résumé de l'exposé présenté par Christian Camus le 26 septembre 2019

D'habitude les scientifiques n'aiment pas la métaphysique, et pourtant ils utilisent des concepts qui sont métaphysiques. La science s'occupe de phénomènes qu'on peut observer. Ce qu'on ne peut pas observer ne fait pas partie du champ de la science. Mais les concepts qu'ils utilisent pour décrire les observations et expliquer des classes de phénomènes sont des concepts métaphysiques. Les biologistes n'ont jamais vu la sélection naturelle, et ils ne peuvent pas l'observer, parce que les phénomènes sont localisés spatio-temporellement. Un concept explicatif ne peut pas être localisé spatio-temporellement. La sélection naturelle, l'inertie sont des concepts métaphysiques. Les concepts métaphysiques ne sont jamais observables.

La physique commence avec Aristote, pour qui il n'y avait pas de concept de lois de l'univers, mais des propensions. Les objets pesants ont une propension à aller vers le bas. Le concept de lois apparaît avec les Romains qui sont très légalistes, mais il disparaît au Moyen-Age : c'est Dieu qui est derrière les phénomènes.

Il y a deux positions par rapport à cette notion de lois de l'univers : les nécessitaristes qui pensent qu'il y a dans les phénomènes des nécessités qu'on peut exprimer par des lois, et les régularistes qui pensent qu'il y a des régularités. Mais ils n'expliquent pas ces régularités. Et les nécessitaristes n'expliquent pas le mode opératoire des lois. Les physiciens cherchent des principes pour axiomatiser les théories. Pour la physique classique, il y avait le principe de moindre action. Toute la physique classique peut être déduite à partir du principe de moindre action. Pour la physique quantique, c'est la non-commutabilité des observables : on ne peut pas permuter deux mesures, par exemple la position et la vitesse. Si on mesure la position et la vitesse, on n'a pas le même résultat que si on mesure la vitesse et la position. A partir de ce principe, on déduit la physique quantique.

Il y a trois physiques : la physique classique, la théorie de la relativité et la mécanique quantique. On essaie de les unifier. Avec la décohérence, on arrive à unifier la physique classique et la physique quantique, à déduire la physique classique de la physique quantique. Le principe de moindre action a une portée ontologique. Le principe de non-commutabilité des observables n'est pas un principe ontologique.

La position d'Aristote, les propensions, c'est ni les régularités, ni les lois de l'univers.

Toutes les tentatives d'interprétation de ce qu'est une particule quantique ont été invalidées par une expérience. On sait qu'une particule quantique ou un objet mais un phénomène. Une substance, c'est ce qui se conserve, et c'est aussi le support d'une propriété. Il y a deux interprétations possibles : les phénomènes n'ont pas de substrat (phénoménalisme), ou les phénomènes ont un substrat. Le phénoménalisme est une position qui me paraît difficile, je préfère l'idée qu'il y a un substrat, qu'on pourrait appeler l'éther quantique, et à ce moment-là les propriétés des particules quantiques viennent des propriétés du substrat. Mias nous n'observons pas ce substrat. On n'observe que les particules quantiques.